Si vous vous êtes déjà demandé quels sont les effets secondaires à l’utilisation d’un téléphone portable, cet article est fait pour vous.
Risque de fertilité, de tumeur, psychologique ? Comment se protéger ?
Dans cet article rédigé par un médecin, vous trouverez réponse à un grand nombre de question qu’on peut se poser de nos jours.

Non, mon téléphone portable ne nuit pas à ma santé…si ?

Quelques chiffres :

– 70 % des Américains utilisent leur smartphone en travaillant, 55 % en conduisant, 33 % à un dîner galant, et même 9 % admettent consulter leur téléphone pendant leurs ébats !
– 70 %
des Français vérifient leur messagerie toutes les 5 minutes.
– 78 %
se connectent aux réseaux sociaux avant de dormir.
– 66 %
des Français se tiennent informés des études sur les dangers des téléphones portables, risques qui en inquiètent 40%.
– 65%
des Français déclarent aspirer à une pause numérique pour décrocher des écrans.
Les moins de 35 ans passent en moyenne une journée par semaine sur leur smartphone, et consacrent 114 minutes/jour aux SMS.
Les femmes sont plus angoissées que les hommes (43 % contre 35 %), principalement en raison des études suggérant un risque accru lors de la grossesse.
Le risque de tumeur du cerveau est décuplé quand l’utilisation du téléphone portable atteint 30 minutes/jour, soit 15 heures/mois.

Mon téléphone portable nuit-il vraiment à ma santé ?

Nous l’utilisons tous les jours, certains ne s’en séparent jamais, même la nuit, le téléphone portable est aujourd’hui un incontournable de notre quotidien dans cet âge de stimulations numériques incessantes. Pourtant, il est régulièrement accusé de nuire à notre santé. En cause : principalement les ondes électromagnétiques qu’il émet. Alors, devons-nous nous en inquiéter ? Faut-il bannir son téléphone portable et revenir cinq siècles avant notre ère à la scytale (bâton de Plutarque) ?

Des ondes électromagnétiques loin d’être inoffensives

En quelques années, la loi de Murphy (familièrement appelée loi de l’emmerdement maximum) a transformé un petit souci en gros problème, mobilisant plusieurs études internationales. S’il est accusé d’être nocif pour la santé, c’est que le téléphone portable émet des ondes électromagnétiques de radiofréquences. Ce sont des ondes invisibles qui se propagent dans l’air et qui permettent de transporter l’énergie et donc l’information. Les ondes électromagnétiques peuvent être émises par différentes sources : wi-fi, antennes-relais, téléphones fixes et mobiles, etc. Nous sommes donc constamment soumis à un « bain d’ondes ». Ce bain est-il dangereux ? Il est aussi difficile de l’affirmer que de le nier…

En mai 2011, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS a d’ailleurs classé les ondes électromagnétiques comme « peut-être cancérigènes pour l’homme ». Ce « peut-être » résume bien la controverse scientifique actuelle sur le sujet. En effet, la science manque encore aujourd’hui de recul étant donné qu’il s’agit d’une technologie récente.
Néanmoins, de nombreuses études se prononcent vers une toxicité possible, même si dans une pathologie, différents facteurs entrent en jeu.
Par exemple, une étude (1) a montré que le risque de développer des acouphènes était multiplié par deux au bout de quatre années au moins d’utilisation du téléphone mobile. Mais les impacts du téléphone portable peuvent aller beaucoup plus loin que les acouphènes…

Ainsi, le principal risque potentiel évoqué du téléphone portable concerne notre cerveau.
De plus en plus d’études mettent en évidence un lien entre l’utilisation du mobile et les tumeurs du cerveau, à l’instar de l’étude de grande envergure « Interphone » menée dans 13 pays. Des résultats qui ont récemment été confirmés par deux études supplémentaires.

La première suédoise (2), a porté sur l’utilisation du téléphone portable pendant 25 ans. Menée auprès de 1961 personnes, elle a montré qu’après un à cinq ans d’exposition, le risque de développer un cancer du cerveau augmente de 80 %, double après 20 ans et triple au-delà de 25 ans d’utilisation.

La deuxième (3) a montré une augmentation des risques de tumeur cérébrale chez ceux qui ont passé plus de 896 heures au téléphone dans leur vie, une durée atteinte en passant en moyenne 30 minutes par jour au téléphone portable durant cinq ans !

La fertilité (4) est également soumise à rude épreuve avec les ondes électromagnétiques. Une récente étude a montré que mettre son portable dans la poche de son pantalon pouvait affecter les spermatozoïdes en réduisant leur motilité de 8 % et leur durée de vie de 9 %.

Preuve que le sujet est très controversé : une récente étude australienne (5) a montré que la fréquence des cancers du cerveau est restée stable depuis 1987, année du premier appel passé depuis un portable. En 30 ans d’utilisation de la téléphonie mobile, aucun début d’augmentation du risque de tumeur cérébrale n’a été observé par les épidémiologistes de l’Université de Sydney.

Impact sanitaire

Par ailleurs, les ondes électromagnétiques ne sont pas les seules coupables, les retentissements sanitaires de ces technologies n’étant pas négligeables. En effet la composition des éléments des téléphones portables peut être nocive. Certains appareils contiendraient des métaux comme le nickel, le chrome ou le cobalt. 37 cas d’allergies (6) liés à l’utilisation fréquente ou prolongée du téléphone portable ont été relevés. Il s’agissait d’eczéma de contact, une réaction cutanée qui survient généralement 24 à 48 heures après avoir été en contact avec une substance allergisante.

Impact de ces technologies envahissantes sur nos comportements

Certaines recherches pointent le rôle des smartphones dans un possible effet sur les fonctions cognitives dans notre société numérique connectée : mémoire, attention, fonctions exécutives, coordination. Un phénomène baptisé « amnésie numérique » nous conduirait à diminuer notre concentration et donc notre capacité à retenir une information précise. Une véritable béquille de la mémoire, particulièrement chez les jeunes puisque 83 % des Européens âgés de 16 à 24 ans reconnaissent utiliser Internet comme une « extension de leur cerveau ».

Par ailleurs, l’idée que la technologie numérique modifie profondément notre écosystème cognitif n’est plus une hypothèse. Une étude a identifié des ondes cérébrales d’un nouveau type, jamais vues auparavant, chez 20 % des usagers des SMS. La mise en évidence de ce nouveau circuit, focalisant les ressources cérébrales, justifierait l’interdiction de l’usage des SMS en voiture, activité qui requiert de garder la concentration sur l’environnement. Mais à pieds également ! Le nombre de piétons renversés à cause de leur smartphone ne cesse d’augmenter ; qu’en sera-t-il après l’engouement de Pokémon Go ? Happés par la chasse aux petits monstres, certains en oublient les règles de sécurité élémentaire sur la voie publique… sans compter les selfies devenus plus meurtriers que les requins depuis cette année ! De quoi vous donner envie de débuter une « digital detox », véritable cure de sevrage numérique pour reprendre le contrôle et mieux gérer sa vie connectée.

Autre nouvel ennemi de la génération geek et accro aux écrans : la lumière bleue ! Maux de tête, vision floue, stress et fatigue générale découlent généralement des heures passées à pianoter sur le téléphone portable. Sans compter que cette technologie rétro-éclairée occasionne également des troubles du sommeil en perturbant la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil.

Et des effets collatéraux psychosociaux

Le constat des effets des téléphones portables sur notre moral est sans appel. Le fait de pouvoir suivre le quotidien de ses proches rend malheureux et force à se comparer sans cesse, ce qui entraîne irrémédiablement une diminution des sentiments d’estime de soi. Un syndrome qui a pour nom « fomo » ou «Fear Of Missing Out» : phobie d’être hors connexion et de ne pas pouvoir interagir avec les communautés virtuelles. D’autre part, la nomophobie exprime la peur liée au fait d’être séparé de son téléphone portable.

Enfin, n’oublions pas que les téléphones portables font partie des objets du quotidien les plus crasseux. Ils sont souvent couverts de microbes qui peuvent être dangereux pour la santé.

Les enfants sont les victimes les plus vulnérables

Les enfants sont plus sensibles aux rayonnements électromagnétiques car leur cerveau est encore en cours de développement. Par ailleurs, plus on est jeune, plus les ondes pénètrent profondément dans le cerveau (7) et diminuent la fonction de réparation de l’ADN (8), ce qui peut générer une augmentation de l’incidence du cancer du cerveau. Les smartphones pourraient également occasionner des symptômes apparentés au trouble avec déficit d’attention avec ou sans hyperactivité : TDAH. (9)

Alors, comment se protéger tout en restant connecté ?

Dans un avenir plus ou moins proche, les scientifiques pourront donner des réponses claires, mais à l’heure actuelle, il est impossible de trancher sur la nocivité des ondes. Aussi, en attendant un consensus scientifique, nous vous recommandons d’adopter les 10 conseils suivants :

Lors de vos appels, utilisez un kit mains libres (filaire ou Bluetooth) ou le mode «haut-parleur».
La nuit, ne laissez pas votre téléphone allumé à proximité. Sur iPhone, pensez à activer l’option Night Shift ; sur Android, installez l’appli Twilight qui affiche des couleurs plus chaudes à l’écran.- Ne le mettez pas dans votre poche ou à proximité de zones sensibles de votre corps.
Privilégiez les SMS plutôt que les appels car cela permet de ne pas coller l’oreille au mobile.
Choisissez un appareil avec un DAS (Débit d’Absorption Spécifique) le plus bas possible. Il traduit le niveau de rayonnement électromagnétique des téléphones mobiles.
Il est déconseillé aux enfants de moins de 12 ans d’utiliser un téléphone portable, sauf en cas d’urgence.
Évitez de téléphoner dans une zone ayant un faible signal.
Lors d’un appel, changez d’oreille régulièrement et s’en tenir à un usage modéré.
Avant de mettre le téléphone portable contre l’oreille, attendez que votre correspondant ait décroché.
Établissez des plages de déconnexion en éteignant vos appareils pendant quelques heures et regardez le monde à travers vos yeux !

Mais c’est peut-être finalement l’évolution des usages qui coupera court à la controverse sur les effets du portable. Depuis l’avènement des smartphones, les échanges se font de plus en plus par messages écrits et les longues communications téléphoniques tendent à se raréfier, surtout chez les plus jeunes. Les scientifiques s’interrogeront peut-être dans 30 ans sur le rôle du téléphone sur l’arthrose cervicale ou l’arthrose du pouce chez les jeunes qui sont nés le doigt sur l’écran (« digital natives »).

Sources :

 Hutter HP, Moshammer H, Wallner P, Cartellieri M, Denk-Linnert DM, Katzinger M, Ehrenberger K, Kundi M. Tinnitus and mobile phone use. Occup Environ Med. 2010 Jul 113
Hardell L, Carlberg M, Söderqvist F, Mild KH., Case-control study of the association between malignant brain tumours diagnosed between 2007 and 2009 and mobile and cordless phone use. Int J Oncol. 2013 Sep 24. doi: 10.3892/ijo.2013.2111.
Gaëlle Coureau, Ghislaine Bouvier, Pierre Lebailly, Pascale Fabbro-Peray, Anne Gruber,Karen Leffondre, Jean-Sebastien Guillamo, Hugues Loiseau, Simone Mathoulin-Pélissier,Roger Salamon, Isabelle Baldi, Mobile phone use and brain tumours in the CERENAT case-control study, Occup Environ Med Published Online First: 9 May 2014 doi:10.1136/oemed-2013-101754
Adams JA, Galloway TS, Mondal D, Esteves SC, Mathews F., Effect of mobile telephones on sperm quality: A systematic review and meta-analysis, Environ Int. 2014 Jun 9;70C:106-112.
Chapman S, Azizi L, Luo Q, Sitas F., Has the incidence of brain cancer risen in Australia since the introduction of mobile phones 29 years ago? Cancer Epidemiol. 2016 May 4.
Clare Richardson, Carsten R. Hamann, Dathan Hamann, Jacob P. Thyssen, Mobile Phone Dermatitis in Children and Adults: A Review of the Literature, Pediatric Allergy, Immunology, and Pulmonology March 5, 2014.
Om P. Gandhi, Gianluca Lazzi, Cynthia M. Furse, G. Lazzi, and C.M. Furse, Electromagnetic Absorption in the Human Head and Neck for Mobile Telephones at 835 and 1900 MHz, Transaction on Microwaves Theory and Techniques, Vol 44, n°10, October 1996
Örjan Hallberg and L Lloyd Morgan., The Potential Impact of Mobile Phone Use on Trends in Brain and CNS Tumors, J Neurol Neurophysiol 2011.
Divan HA, Kheifets L, Obel C, Olsen J., Prenatal and postnatal exposure to cell phone use and behavior problems in children.
Epidemiology 2008 ; 19 : 523-9.

-Anses 2016
-Le Monde 2015
-Etude Havas Media 20

Docteur Cha ROSUNEE

Conflits d’intérêts : L’auteur n’a pas transmis de conflits d’intérêts concernant les données diffusées dans cette interview ou publiées dans la référence citée. Cet article est issu d’une expérience de terrain, il existe d’autres produits, et d’autres protocoles de prise en charge.